Défilé et ennui! [PV Ko']

-Allez les filles, terminées de vous habillez! Vous entrez dans pas moins de 5 minutes!

*1883 ... 1884 ... 1885 ... 1886 ... 1887 ... Raaa ... !*

Koji avait été appelé par son père il y a à peine quatre heures pour le sommer de se rendre à un défilé sur Tokyo auquel il était dans l'incapacité de se rendre. Le fils ne voulait pas chercher à savoir pour quelle raison Mabuchi devait se rendre à un défilé cyber punk sur Tokyo, lui qui, contrairement à sa chère progéniture, détestait ce qui sortait du cadre du strictement correct. Ça devait encore être une affaire de gros sous, peut-être de millions. Non seulement on ne disait pas non aux impératifs d'un contrat, mais en plus Koji ne pouvait pas dire non à son père. Il était sa seule famille.
Malgré tout lui n'aurait pas vraiment eu que ça à faire. Aujourd'hui, il avait déjà son petit programme de prévu. En vue d'un examen intermédiaire imminent, il avait bien ordonné sa journée entre les révisions et une sortie décontractée. Avec l'appel de son père, c'est tout son petit programme qui tombait à l'eau. Il allait passer des heures ici à regarder défiler des mannequins en tenues certes intéressantes, à serrer des mains, à sourire, à siffler une coupe de champagne et à grignoter du petit four. Vraiment, il avait autre chose à faire dans l'instant présent. Par respect pour son père ~ autant que par peur de souffrir et que par crainte des conséquences ~ il avait déjà renoncé à se trouver quelqu'un pour lui tenir compagnie dans les moments difficiles. Et Dieu sait combien il aurait apprécié avoir une présence à ses côtés par moments. Parfois, le matin, le réveil était difficile. Il lui arrivait des jours où il n'avait même pas envie de se lever et se laisser oublier au fond de son lit. Heureusement, ses colocataires étaient des gens sympa. Ils ne le laissaient pas en paix une fois tiré de son lit, et c'était tant mieux. Il les appréciait énormément pour ça.

Il se retrouvait donc assis au premier rang à côté de la scène qui allait bientôt accueillir les mannequins. A sa droite, une dame dans la soixantaine, trop fardée, réservée et à l'aura foncièrement monotone. A sa gauche, un Américain trentenaire riait fort et criait plus qu'il ne parlait à l'escort girl placée à son bras. Le Japonais tira une grimace des plus ennuyées et sembla tout d'un coup se tasser sous le poids de l'univers. Mais qu'est-ce qu'il foutait là ?
Le défilé avait un peu de retard ~ de mieux en mieux. Juste avant qu'il ne commence, Koji entraperçut celle qui devait être la créatrice ~ il le comprendrait à la fin du défilé. Juste avant que les lumières ne s'éteignent pour faire place à un nouvel éclairage devant mettre en valeur la scène et l'ambiance, il se dit intimement qu'elle était d'une certaine beauté, et sa tenue n'avait rien fait pour arranger les choses. En matière de musique et de mode, Koji avait toujours eu des goûts assez particuliers dans son milieu. Ces dernières années, il n'avait été que dans des internats ou des pensions pour bourgeois. Tous ceux-la suivaient des conventions strictes et un politiquement correct beaucoup trop fade aux goûts du jeune homme. Son goût pour le mouvement punk était apparu d'abord par soucis de contestation alors qu'il était ado. Ensuite, il avait appris à l'aimer sincèrement et à en savourer les dérivés récents.
Le défilé commença dans un tonnerre d'applaudissements et dans un rif torturé de musique électronique industrielle. Le show était bien pensé, efficace, les créations superbes et l'équipe apparemment très compétente. Koji aurait pu passer un excellent moment s'il n'avait eu d'autres choses en tête. A peine le défilé commencé et les premières tenues présentées qu'il était déjà en train de sortir son Iphone, sur lequel il avait téléchargé quelques fichiers .pdf de ses cours qu'il avait fait lui-même. Alors il ne regarda pas grand chose en détail. Bien sûr, comme il aimait le style de ces créations et le cyber punk dans son ensemble, il levait la tête à chaque nouvelle tenue pendant quelques secondes, ne serait-ce que pour en apprécier les couleurs ou les gadgets.

Le défilé s'était terminé sur le classique passage des tenues et sur le salut de la créatrice, Hassina Naësis. Koji, qui venait de revoir les détails d'un cours qui lui faisait encore défaut, se sentait un peu soulagé de l'avoir compris et se leva pour applaudir avec sincérité. Il n'avait pas vraiment fait attention et avait eu l'air de s'ennuyer comme dans un mouroir, mais il avait aimé.
Plus tard, les invités discutaient affaires, chiffres et boniments en dégustant quelques rafraichissements. Au milieu de ce petit monde, Koji Samura faisait figure d'intrus : ce n'était pas qu'il soit plus jeune, non, il était constamment en train d'esquiver les gens pour pouvoir se concentrer avec difficulté sur ses révisions. Dans son coin, il semblait simplement parcourir sur son téléphone ce qui aurait pu être le bottin sportif ou les résultats des courses. Oui, il avait vraiment l'air de n'avoir aucune envie d'être là. Ce n'était pas faux ; mais en d'autres circonstances, il aurait adoré, c'était certain.

Elle venait de terminer son bavardage. Elle s’était présentée, les avaient remerciés. Et voilà, terminé. Elle se dirigea à nouveau vers les loges pour parler avec les mannequins, expliqué les bonnes et mauvaises choses qu’elle avait vu durant la soirée. Elle donnait son avis quoi! Et venant d’Hassina, elle n’y allait pas avec des gants blancs. Elle prenait malgré tout attention à ne pas les dégradées, elle avait un minimum de tête, mais elle était au moins franche.

Puis, elle sortit après leur avoir demandées de se changer et de venir la rejoindre parmi les invités. Elle salua chacun de ceux-ci, prenant soin de bavarder ne serais-ce un peu. Elle avait d’ailleurs pris un verre d’un mélange exotique préparé pour l’occasion, avec faible alcool. Elle passa ainsi plusieurs personnes, serrant plusieurs mains et tout. Puis, elle finit par le voir «lui». Celui qui avait passé la soirée entière à ne pas regarder les créations, ou du moins juste quelques secondes afin de prouver qu’il était encore vivant. Car sinon, il n’avait pas bougé et ne faisait que jouer avec son truc électronique. Elle soupira légèrement, termina la conversation et s’approcha de celui-ci. Il avait l’air plutôt jeune, contrairement aux autres gens présent –sauf elle-même et les mannequins- et ressortait facilement du lot. S’il s’emmerdait, qu’est-ce qu’il faisait là? Franchement, il n’avait qu’à décliné la demande et ça aurait été bon, pas obligé d’agir de la sorte. Mais Hassina ne put s’empêcher, lorsque ses talons finirent de raisonner un peu contre le sol alors qu’elle se tenait à quelques centimètres de lui, de lancer une remarque désagréable. Ça la vexait, et elle n’y pouvait rien.

-T’avais qu’à pas venir, si t’aime pas ça, pauvre crétin!

Sympa comme bonsoir non? C’était reconnu, les stylistes et artistes étaient très expressifs en général! Soit, elle n’y avait pas été par trente chemins, et avait simplement dit ce qu’elle en déduisait. Que de charme cette Hassina.

Koji était simplement dans son coin, à attendre l'heure où l'on part sans insulter l'hôte, sans faire comme si on n'avait vraiment rien aimé. Il fallait dire ce qui était, il avait aimé le défilé, mais il aurait préféré pouvoir y assister dans d'autres conditions. Parfois, il fallait savoir dire non, disait-on ; lui n'aurait pas pu dire non ce soir-là, et s'il avait blessé quelqu'un dans cette affaire, il en était vraiment désolé en tout cas. Il espérait simplement n'avoir blessé personne, ça l'embêterait vraiment. Non parce qu'il connaissait un peu les artistes et ... Oh, merde ... Voilà justement la créatrice qui arrivait vers lui d'un pas déterminé. En prenant sur lui, il baissa son Iphone et inspira un bon coup avant de se prendre un bonsoir plutôt atypique et explicite. C'est qu'elle n'y allait pas de main morte. Alors, parce qu'il était trop fier pour se laisser faire comme ça de toute façon, et bien qu'il comprenait que cela serait certainement une grosse erreur, il la regarda droit dans les yeux et, d'un air tout à fait décontracté ~ sans tomber dans la désinvolture ~ répondit simplement :

" Bonsoir. "

Et boum ! Elle ne devint pas rouge, non, mais il sentait quand même qu'elle avait pris ça de la façon à laquelle il fallait s'attendre. Néanmoins, il se doutait qu'elle n'était pas stupide et qu'elle comprendrait que ce n'était qu'un juste retour de bâton. On n'avait jamais lancé de pique à un Samura sans en prendre une de valeur équivalente. Dans la famille, on ne rendait pas au centuple, c'était tout simplement inutile.

Koji comprenait néanmoins qu'il faudrait vite calmer le jeu. Alors, sans s'énerver et malgré le fait qu'il aurait volontiers rajouté un " qu'est-ce que tu m'veux mongolienne " assez acerbe, il se redressa et sourit avant de rajouter :

" Je suis désolé si mon ... absence vous a vexé. J'aime beaucoup ce que vous faites, vraiment, j'aime beaucoup le milieu punk et ses dérivés, et vous faites un travail génial. Mais le fait est que je n'aurais pas dû être là ce soir. Je représente mon père alors que ... "

" J'aurais dû être en train de réviser un examen. Vraiment désolé. "

Puis, il récupéra son appareil sans attendre et l'éteignit pour le ranger dans sa poche. Le laisser allumé plus longtemps aurait été quand même quelque peu abusif. Maintenant qu'il y était, il ne pouvait plus l'esquiver et se devait de fournir des explications. Il tendit simplement une main réservée et se pinça les lèvres en la regardant dans les yeux. Dans le regard du jeune homme, on sentait de la gêne, mais aussi de la franchise et aucune malice.

" Koji Samura. C'est un honneur pour moi de vous rencontrer, mademoiselle. "

Il n'attendait pas grand chose en tendant la main. Peut-être une baffe, ou une insulte. Peut-être un crachat ? Bah, après tout, au point où il en était, rien n'aurait pu être pire. Vraiment, il y a des soirs, comme ça, où il ferait meilleur de rester au lit ...

La jeune styliste finit par croisé les bras devant lui. Elle le regarda longuement, de la tête au pied. Avec discrétion, quand même. Elle ne voudrait pas non plus le dévisagé ouvertement en plein public. Il semblait pourtant haut placé, vu comme ça. Par son habillement surtout. Il n'était pas habillé comme la plupart des jeunes de nos jours, avec les pantalons qui sont presque au sol et les chandails dans lesquels on pourrait rentré 4 dedans!

" Bonsoir. "

Au moins, il ne s'énervait pas, et c'était tant mieux! Ça aurait pu être une grosse gaffe de s'engueuler comme ça. En public, devant des possibles journalistes ou d'autres qui ont des contacts... Surtout si le jeune homme en face de lui était réputé pour tel ou tel autre chose. Mais d'une autre façon, elle s'en foutait. Elle soupira à ses paroles. Bien sûr, c'était à peine s'il avait regarder. Ou du moins, c'est ce qu'elle en croyait car chaque fois que ses yeux se posaient sur lui, ils étaient vers son iPhone. Non mais, que de gentillesse quand même.

-Bien entendu, parle comme si tu avais regarder ein!

Elle jeta un coup d'oeil au Iphone et le laissa en reprendre possession. Il était donc étudiant ou quelque chose semblable? Il faisait quoi ici, dans ce cas? Ah si, il représentait son père. Son père... C'était qui au moins? Mr. Samura. Ah si, elle croit s'en souvenir parmi les nombreuses invitations faites et la paperasse, et ça, bien entendu, entre deux coup d'aiguille. Elle ne portait pas attention au fait qu'il pouvait se sentir gêné ou autre par la situation. Son ton restait pourtant avec un minimum de reproches, ne serais-ce un peu moins. Elle ne prenait pourtant pas garde qu'il aurait pu en être obligé, mais ça ne lui passait pas par la tête à l'instant. Et puis, elle était épuisée avec toutes ces heures de travail, donc facile à fâchée.

Enchanté... Mais tu sais, dans ce cas là, on décline l'invitation!

Oui, la créatrice n'avait pas la langue dans sa poche. Ca n'étonnait pas vraiment Koji, après tout c'était une artiste. De plus, vu son domaine, elle devait être encore plus excentrique que d'autres. Il pouvait se tromper, mais voyant comment elle réagissait, soit elle avait vraiment placé toutes ses forces dans ce défilé ~ et à ce moment-là, on comprenait aisément son irritation ~ soit elle ne pouvait pas supporter qu'on ne prête pas attention à ce qu'elle faisait. En somme, elle était soit insupportable, soit pas d'humeur. Le Japonais l'observait et devinait qu'il y avait de la fatigue là-derrière ; mais comme toujours, il pouvait se tromper. Il préférait rester calme avec elle et ne pas se la mettre à dos, ne serait-ce que par prudence. On avait du mal à imaginer ce que c'était, qu'un artiste orgueilleux fâché ...
Derrière son irritation, elle semblait essayer de rester calme et de relativiser. Ce n'était peut-être pas si mal finalement. Elle lui avait dit qu'il aurait mieux fait de décliner l'invitation dans ce cas. Il ne releva pas le fait qu'elle le tutoie alors qu'il avait volontairement pris le parti de la vouvoyer. Il se contenta de hausser les épaules et de s'approcher d'elle. De la main, il la fit se retourner et pointa le podium sur lequel se battait plusieurs sponsors : l'argent, le nerf de la guerre, était là quoi qu'on fasse. Koji aurait préféré que les entreprises affichent leur participation à l'entrée, ou dans la salle, mais pas sur le centre de l'attention lui-même. C'était de l'art, que diable !

" Vous voyez vos sponsors ? Une partie d'entre eux sont des filiales de l'entreprise de mon père ~ en fait, ce sont ses entreprises sans l'être, mais ne compliquons pas les choses. Chacune des autres entreprises a envoyé un représentant. Mn père, lui, a voulu représenter personnellement toute entreprise lui appartenant indirectement en personne plutôt que de laisser une pléthore d'indépendants s'en charger. "

Il jeta un œil à la créatrice. Elle ne semblait pas particulièrement emballée, et peut-être ne comprenait-elle pas vraiment l'enjeu. Koji prit le pari de lui faire prendre conscience de la chose.

" C'est une question d'honneur, mademoiselle, et ce n'est pas à moi de vous apprendre à quel point l'honneur compte au Japon. Plus encore pour des gens parfois aussi rétrogrades que mon père. Je ne comprends pas vraiment en quoi une absence serait un déshonneur, mais ça semble en être un. Encore une fois, désolé de vous avoir donné l'impression de ne pas m'intéresser à votre défilé. "

Alors, seulement, il se détacha d'elle et recula, la laissant le suivre du regard. Il sourit en biais. Ce n'était pas un vrai sourire, plutôt une tentative pour lui faire comprendre qu'il valait mieux s'amuser de la situation.

" J'ai jeté un oeil à toutes les tenues. C'est vrai. Elles m'ont beaucoup plu, mais j'aurais espéré pouvoir pleinement les apprécier. Je ... tenterai de venir à un autre de vos défilés. Pourriez-vous au moins me pardonner ?

C'est gentil. Vous le feriez vraiment? Et... Celà vous a vraiment plus?

[Même message que pour Saeko ma biche : après 1 mois et demi, j'ai plus droit à trainer, et comme j'ai la motivation, je te fais ça après manger. Désolé pour cet horrible retard, mais le boulot, ça bouffe ... ^^']

Doucement, tout doucement, les choses commençaient déjà à se tasser. Koji se félicitait intérieurement : c'était sa première confrontation du genre et il avait très bien réussi à désamorcer le conflit. En plus, il l'avait fait sans attirer l'attention. Enfin ... s'il restait encore cinq minutes de plus à discuter avec la créatrice, les gens allaient bien commencer à les regarder. Tant qu'ils ne se battaient pas, le jeune héritier ne voyait pas le problème. Et puis, il ne trouvait pas l'idée qu'on les croie intimes déplaisante. Ce serait assez gênant selon les situations, mais pour tout dire, l'idée qu'on dise qu'il partageait une histoire platonique avec cette jeune créatrice ne l'embêtait pas le moins du monde. Il avait toujours tout fait pour éloigner les médias, alors si demain on venait à s'intéresser à lui, la chose resterait quand même discrète. Tout le monde se fichait d'un jeune bourgeois inconnu et paisible jouant les gentlemen timides avec une créatrice punk sans casier judiciaire et sans rapport avec le mouvement des années 90. Il n'y avait pas vraiment de risques, à moins que ...

" C'est gentil. Vous le feriez vraiment? Et... Celà vous a vraiment plus? "

Koji sortit de ses pensées très rapidement et répondit sans détour, de la façon la plus franche dont on pouvait faire preuve :

" Les textures étaient formidables, les jeux de couleurs splendides. Je n'en ai vu que ça, et dans le fond, ça m'a frustré. Ne croyez pas aux apparences, j'ai des goûts beaucoup plus alternatifs que vous pouvez le penser. J'avoue être plutôt Steampunk et avoir un faible pour Kit Stolen, mais vous avez vraiment un grand talent que j'aimerais ... explorer. "

Un sourire se redessina sur les lèvres de Koji et il baissa un instant les yeux. Ce dernier mot l'avait ramené à sa pensée qu'il avait quitté à l'instant. Oh non, ce n'était vraiment pas bien. C'était une mauvaise idée, il le sentait, mais il n'avait pas vraiment supporté cette énième ingérence de son père, son despotisme pesant et ce que cela lui avait valu comme incartade avec cette créatrice qui, lorsqu'elle se fâchait un peu moins, était vraiment ravissante soit dit en passant. Il la sentait aussi d'humeur à provoquer son monde et à narguer l'opinion. Et puis, ça serait un coup de pub intéressant. Tous les deux y gagneraient à leur mesure. Le Japonais ferma les yeux, inspira profondément et la fixa à nouveau, pour reprendre d'une voix très calme :

" Pour me faire pardonner, j'aimerais vous inviter à boire un verre. Maintenant. "

Elle avait doucement croisé les bras alors qu'elle le regardait. Comment pouvait-elle réagir dans ce genre de situation? Elle ne voulait pas être familière, oh non. Elle était de nature distante et voudrait bien le rester! Mais sinon, elle ne savait pas comment réagir, quoi penser de cet homme en face d'elle. Le détester? Quand même pas, ce serait stupide et bien trop exagérer pour le peu qui avait été dit et fait. L'apprécier? Non plus, c'était qu'une connaissance parmi tant d'autres après tout, alors pas question qu'elle ne brise sa coquille et agisse de façon douce et agréable. Elle savait que ce genre d'attitude ce n'était pas ce qui allait faire pendre les hommes à son cou, et c'était tant mieux: elle ne voulait pas se ramasser avec une armée rien que pour elle, ce serait trop envahissant. Mais déjà, pourquoi pensait-elle aux hommes tout à coup? Elle ne chercha même pas à répondre à ceci, c'était pas important et surtout, elle ne voulait pas savoir la réponse! Les paroles atteints son esprit et pour une fois, elle les remercia de ne pas penser plus loin contre son gré. Les couleurs étaient splendides? Vraiment? Et ce, même si c'était très coloré et flashy? Ça l'étonnait, à voir son habillement et tout... Il semblait quelqu'un de sérieux et pourtant... Il était plutôt Steampunk? Enfin, rien que de le voir c'était surprenant.

«Vous me surprenez, là. Je ne me serais attendu à quelque chose du genre venant de votre part, pour être franche ^^' .... Mais soit, si vous avez réellement apprécier, je ne peux qu'être ravie de cela. »

On put voir un tout léger sourire, tout fin, à ses lèvres. Bien que certains détails n'étaient pas forcément très clair pour elle, elle ne pouvait pas le contredire sur sa façon d'être ou sur certains détails qui étaient sans aucun doute plutôt impressionnant. Mais les gens n'étaient pas toujours ce qu'ils semblaient être. Ce n'est pas parce qu'il s'habillait en habit qu'il était ainsi à journée longue et ce, même dans sa maison! On n'avait qu'à regarder Hassina d'ailleurs; bien des gens pourraient croire qu'elle s'habille comme ça à journée longue et en a fait un mode de vie, alors qu'elle porte ce genre d'évènement que pour les soirées spéciales ou lorsqu'elle en a envie. Chez elle, elle est pour le trois quart du temps vêtue de façon bien normale, et même quand elle sort de temps à autre! Mais soit, certains pourraient croire l'inverse. Elle sortit cependant de ses pensés en entendant une phrase qui venait de traverser les lèvres du jeune homme suite à une grande inspiration. Aller prendre un verre? Maintenant? Elle ne pouvait pas refuser non plus, et d'ailleurs, ça leur permettrais de mieux se connaître par la même occasion, et d'effacer la précédente situation! D'un ton plus ou moins froid qui avait repris le dessus, sans pour autant se faire bête, elle répondit alors.

«Pourquoi pas.»

Koji ne l'aurait pas juré, mais il avait cru voir un tout petit début de sourire se dessiner sur les traits de la créatrice. Sans qu'il le veuille spécialement, cela eut le même effet sur lui. Il ne savait pourquoi réussir à la décontracter lui plaisait, néanmoins il avait réussi à désamorcer une crise majeure et à lui faire comprendre que, malgré leurs différences apparentes, il n'avait rien d'un sale petit con comme on en trouvait beaucoup dans son milieu. Ok, c'était parfois un sale enculé pour le dire clairement. Pourtant, il était beaucoup plus ouvert et réceptif que beaucoup de ses semblables, et ça faisait beaucoup.
Alors il ne manquait plus que ses efforts paient pour le convaincre d'avoir choisi la bonne voie. Finalement, en restant calme, modeste et sincère, on obtenait bien plus de choses qu'on pouvait le soupçonner, et ce qui partait ne valait pas le coup après tout. Et puis, être sincère envers les autres, c'était aussi être sincère envers soi-même. Et c'était libérateur, pour lui qui avait souvent dû mentir.

Tenez, s'il avait menti à la créatrice à cet instant, et s'il avait encore joué son bourgeois pédant, il aurait probablement raté ce sourire. Pourquoi ce sourire lui importait : pour le moment en tout cas, il s'en foutait. Ce qui lui importait, c'était ce verre qu'il lui avait invité à prendre. Pourquoi : là aussi, il s'en foutait. Il avait senti que c'était important, ou en tout cas que ça serait utile afin d'arranger les choses. Il ne se doutait pas forcément à quel point, mais en tout cas, il savait que s'il voulait continuer dans la voie de la sincérité, il devrait passer par ce verre. Bon, ça n'était pas pour le gêner, il sentait qu'il pourrait bien s'entendre avec elle. Lui qui connaissait finalement peu de monde, il aurait été ravi de pouvoir la compter parmi ses ... bonnes connaissances ? Oui, sans doute. Elle était magnifique, mais semblait inaccessible, alors ... peu importait de toute façon. Il voulait ce verre avec elle, quelle que soit sa réaction. Elle ne pouvait plus le tromper en prenant cet air froid, il savait qu'il avait touché quelque chose, et il avait beau ne pas savoir quoi, ça l'avait rendu beaucoup plus ... accessible ; sans la rendre approchable pour autant. Alors quand elle accepta, il sourit encore et continua calmement :

" Il y a un bar à quelques centaines de mètres, en bas. Je n'ai pas de voiture alors ... on pourrait aller là-bas ? C'est un pub, ça devrait vous plaire, je le sens. Si vous avez des affaires à prendre, je vous attends en bas. Alors ? "

Elle prit un instant de réflexion. Le défilé était désormais terminer et elle avait dit le mot de la fin pour clore cette séance. Les gens bavardaient désormais entre eux et certains commençaient à partir. Ça se vidait lentement, mais sûrement. Le concierge allait nettoyer, les techniciens allaient s'occuper du décor et tout ce genre de chose, et l'assistante s'occuperait des costumes. Elle n'aurait qu'à prendre ses choses pour les ramener chez elle ensuite. Si elle les oubliait, quelqu'un ayant accès à l'arrière les lui rapporterait au studio.

Et donc, un résumé de la soirée? Simple. Elle s'était stressée à fond pour un rien puisque la soirée s'était bien déroulée. On avait même pu remarquer sa voix légèrement tremblée au tout début de son discours! Mais elle avait rapidement repris assurance. Un vrai défilé... Un vrai de vrai... Elle en était si contente! Elle entrait finalement parmi les grands, passant la barrière de la cours des jeunes! Si heureuse... Jusqu'à ce que ''lui'' apparaisse dans son champ de vision. Ce jeune homme, qui aux premiers abords avait semblé si désintéressé de la situation. Que diable! Elle ne comptait même plus le nombre de fois où elle s'était demander ce qu'il faisait réellement là. Elle avait été l'aborder dès le défilé terminé! Non mais, c'était son premier défilé, elle n'avait pas envie de voir un homme s'emmerder face à ses créations sur lesquelles elle s'était donner tant de mal pendant des ... mois entier? Plus même! Enfin, soit. Elle avait fini par s'adoucir. Elle? S'adoucir? Vraiment?! C'était étonnant. Elle restait distante, mais cependant, ne lui parlait pas avec autant de reproches que précédemment. Un sourire? Très fin, très léger, à peine pour dire qu'il est là! Miracle! Elle espérait cependant que ça ait passé inaperçu. Pourquoi? Parce que sinon, il pourrait s'en servir après comme preuve qu'elle n'est pas aussi froide et distante qu'elle veut sembler être!

Et finalement, il l'avait inviter à prendre un verre. Au moins, ça ne ressemblait pas au vieil homme pervers qui ne voulait que la saouler juste assez pour obtenir ce qu'il désirait! Non, il semblait plus... poli. Enfin, ne jamais se fier aux apparences malgré tout, même si ça peut nous donner un petit indice! Elle regarda un instant derrière elle, regarda les gens puis son habillement au final. Rien à craindre de ce côté: elle se foutait d'être dévisagée. Elle vérifia son sac vite fait. Elle avait son argent, ses cartes, en gros; tout le nécessaire! Elle remit son sac avant de le regarder.

«Je ne crois pas avoir besoin de quoi que ce soit. J'ai tout.»

" J'ai l'impression que vous avez réussi à leur faire de l'impression, à eux. "

Elle avait finalement acceptée une invitation. C'était miraculeux, si l'on veut. C'est bien car le jeune homme était plutôt... mignon, sans se le cacher, et qu'il avait bien su réparer sa ''gaffe''. On ne peut cacher que celle-ci se sentait mal à l'aise et plutôt méfiante... Incertaine tout court du fait d'accepter d'aller avec ce jeune homme, mais elle le cachait du mieux possible. Elle, plus un homme... C'était compliqué comme relation. Donc inutile de dire que le fait de ne pas être habituée jouait sur beaucoup. Mais soit, le courage et la fierté était beaucoup trop grande pour qu'elle se laisse faire ainsi et décline cette invitation... Surtout pas après l'avoir déjà acceptée. Compliquée, cette jeune femme.

Celui-ci lui présenta son bras... Le prendre ou non? Bon, la politesse se devait que oui, bien que dans une autre situation, elle aurait bien prit les devants sans rien dire de plus. Après tout, elle ne voyait pas en quoi elle aurait dû. Mais là, c'était une tout autre situation. C'était totalement différent, et surtout, les alentours n'étaient peut-être pas au meilleur avantage pour garder la tête haute et rester froide... Bien qu'elle resterait un minimum elle-même malgré tout. Elle prit ainsi son bras et ils finirent par se diriger vers la sortie en empruntant l'ascenseur. Rendu à l'intérieur de celui-ci elle lâcha d'ailleurs le bras du dit Samura afin de tout de même se... garder une gêne, si l'on puisse dire cela ainsi? Franchement, il y avait des limites à tout, et elle se décida de les mettre là. Elle reprit malgré tout le bras une fois qu'ils reprirent marche à l'extérieur. D'ailleurs, il semblerait qu'elle ait marqué plusieurs gens... De nombreux flashs firent leur apparitions et les micros se firent presque directement et surtout, automatiquement, sous son nez... Et celui de Koji aussi d'ailleurs. Plein de questions et demandes se firent entendre d'un peu partout autour. Elle répondit poliment et du mieux possible à la plupart d'entre-elles avec un léger sourire de temps à autre. Elle semblait un peu plus sympathique face à ceux-ci. Finalement, la jeune femme, toujours accompagnée de l'homme, fini par s'éloigner d'eux.

Un léger soupire parcouru ses lèvres avant qu'elle ne regarde un instant derrière, puis Samura. Faire de l'impression? Oui, sans doute... À les voir agir, c'était aussi évident qu'un éléphant noir sur un mur blanc quoi. Elle garda quand même une attitude sympathique encore un peu, mais distante malgré tout.

«Une bonne impression, sans doute!... Donc, où est ce bar dites-moi?»

Koji l'écouta répondre avec un sourire. S'ils venaient de donner une bonne impression ? Les médias people se fichaient pas mal de l'impression, ils se faisaient toujours un plaisir de faire leur chou gras de la moindre photo et d'en rajouter des tonnes sans rien savoir. D'ici un mois on dirait probablement un peu partout qu'ils sortaient ensemble, alors qu'en fait, tout allait se passer autrement. Enfin ... Rien ne disait qu'ils ne risquaient pas de s'entendre plus que bien, mais les choses étaient compliquées dès qu'on touchait au patrimoine social et à l'héritage Samura. Non, Hassina Naësis était une ... compagnie de soirée. Sans plus. Cela ne l'empêcherait pas d'être le plus courtois du monde ; c'était dans son éducation. Elle lui demanda où se trouvait le bar, et lui lui tapota le poignet en signe d'apaisement.

" Pas loin, dans la rue. Patience. "

A ces mots il lui sourit et continua la route quelques secondes avant d'ajouter, avec innocence :

" Et sinon, une demoiselle aussi jolie que vous peut-elle vraiment être célibataire ? Une raison particulière ? "

Ce n'était qu'une question toute innocente bien sûr, mais Hassina pouvait très bien mal la prendre. Qui pouvait se dire qu'une question aussi ... personnelle ne pouvait causer aucun remous ? Il ne s'attendait pas à une réponse trop tranchante, malgré tout il restait sur ses gardes : il connaissait les femmes et leur tempérament parfois volcanique, et avait volontairement évité de poser la question trop directement pour ne pas passer pour un satyre. Il était curieux, c'était tout.

Les médias... Elle n'avait pas hâte en quelque sorte de voir la page à son sujet par la suite, mais d'un autre côté ça lui passait au dessus de la tête. Du moins pour l'instant... C'était étrange comme sensation. Sensation de s'en faire mais de s'en foutre à la fois. Était-ce possible, ou y avait-il autre chose derrière tout ça? Va savoir. La question concernant le bar, quant à elle, ce n'était qu'une histoire de renseignement. Peut-être le connaissait-elle déjà, qui sait, ou si ça se trouve, il était plus près qu'elle ne le croyait. Voilà la raison. Mais il y avait également de la curiosité. Tout à fait normal après tout.

«Oh mais je suis très patiente!»

Ajouta-elle d'une voix légèrement moqueuse. Elle commença de nouveau à devenir un peu plus à l'aise, un peu plus sympathique... avant d'entendre le reste des paroles. Elle voyait cette question plutôt déplacée; cela faisait que quelques minutes à peine s'ils se parlaient et qu'elle avait arrêté d'avoir envie de lui sauter à la gorge en l'engueulant. Le dit compliment ne passa pas dans l'oreille d'une sourde, mais elle ne fit pas de réelle remarque si ce n'est que ses joues avaient pris une toute petite couleur rosée. Elle déglutit très lentement afin de ne pas se faire des plus désagréables ou bien montrer de réactions trop apparentes.

«Elle le peut, oui. Et la raison... Je ne vois pas en quoi elle vous intéresse.»

Répliqua-t-elle finalement, plutôt sèchement. Elle devrait faire un effort: elle allait dans un bar avec celui-ci et donc, en toute logique, elle passerait une bonne partie de la soirée avec lui. Passer la soirée avec un homme, et rester de glace... Ce serait sans doute fort désagréable. Mais d'un autre côté, elle est ce qu'elle est. Il faudrait qu'elle fasse le juste milieu, ce qui serait sans doute difficile pour ni être une glace, ni lui donner assez de gentillesse pour qu'il puisse s'en servir comme argument si elle tentait de redevenir froide ensuite!